Le ministre français de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, poursuit sa politique d’expulsion d’étrangers jugés radicaux.
Au nom de la «prévention contre le terrorisme», le premier flic de l’Hexagone a décidé de reconduire à la frontière une dizaine d’imams dont les propos lors de prêches ont été qualifiés de «contraires aux valeurs» de la République française. Intervenant à l’occasion d’une émission organisée par la chaîne publique France 3, Nicolas Sarkozy a affirmé que les imams en question seront expulsés dans les prochaines semaines.
«Depuis octobre 2003, ce sont 34 prédicateurs que nous avons mis dehors et nous avons encore une dizaine de gens qu’on va mettre dehors», a t-il clairement signifié à la télévision, en soulignant gravement que «toute personne qui tiendra des propos contraires aux valeurs de la République, sera mise dehors pour la simple raison que ces propos violents, irresponsables, peuvent être écoutés dans un certain nombre de quartiers par des gens extrêmement jeunes, et extrêmement influençables».
Sarkozy menace non seulement d’expulser les imams, mais toute personne qui, d’après lui, tiendrait des propos contraires aux «valeurs de la République française». Le ton ainsi donné, le ministre français de l’Intérieur justifie ce «durcissement» à l’égard des étrangers par la menace terroriste qui pèse sur son pays. L’annonce de l’expulsion des imams, en majorité des Maghrébins, intervient, faut-il le souligner, le jour même où une cellule appartenant à la «mouvance du djihadisme international», soupçonnée d’avoir eu l’intention de commettre des attentats en France a été démantelée. Selon l’AFP, sept des neuf personnes interpellées dans la région parisienne sont soupçonnées d’avoir eu la volonté de commettre des attentats en France. D’après les enquêteurs, les personnes interpellées appartiendraient au Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) et qui a fait, rappelle-t-on, allégeance à Al Qaîda, après les attentats sanglants du 11 septembre 2001 à New York. D’après M. Sarkozy, la menace terroriste en France a atteint un niveau très élevé. Sur une échelle allant de 1 à 5, l’invité de France 3 a placé l’alerte à quatre actuellement en France. Le ministre français de l’Intérieur exagère-t-il en affirmant que la menace et le risque d’attentat sont très élevés dans son pays?
En tout cas, la France, terre des libertés individuelles, vient de boucler un projet de loi antiterroriste et qui vise à durcir les textes existants déjà afin, notamment, de mieux contrôler les conversations au téléphone, sur Internet et tous les moyens de communication.
Le projet dévoilé par Nicolas Sarkozy prévoit de mettre sous vidéosurveillance les lieux publics, mais aussi les lieux de culte et même certains commerces et cybercafés.
Le projet, s’il venait à être adopté en France, prévoit d’alourdir sérieusement les peines de prison pour les personnes reconnues coupables. Ainsi, les peines de prison maximales seraient de 30 ans au lieu de 20 pour les dirigeants de groupes terroristes et 20 ans au lieu de 10 pour les membres de réseaux.
Par ailleurs, le projet stipule que tout condamné français d’origine étrangère pourrait se voir déchu de sa nationalité pendant un délai de quinze ans après sa neutralisation.
Les attentats de Londres ont, certes, affecté tous les pays d’Europe, mais il reste que des associations au sein même de l’Hexagone commencent à voir dans la démarche de Sarkozy un prétexte pour renvoyer un certain nombre d’émigrés, notamment les «sans-papiers» qui seront particulièrement touchés par ces nouvelles mesures. Les hommes de culte, qui seront expulsés de France, font-ils les frais de la nouvelle politique de Sarkozy?