Menacé de perdre le Likoud, Sharon s’attaque aux Palestiniens en utilisant les provocations du Hamas.
Les Palestiniens font, une fois de plus, les frais de la politique israélienne et des divisions qui traversent le Likoud, menaçant de faire exploser le parti du premier ministre. C’est le sentiment général qui s’exprimait hier à Gaza après un week-end terrible au cours duquel les habitants de ce territoire supposé « libéré » depuis deux semaines ont été ramenés aux pires heures de l’occupation : bombardements d’artillerie dans des quartiers surpeuplés, avec plus d’une vingtaine de blessés civils ; attentats ciblés aboutissant à la mort de quatre dirigeants du Djihad et du Hamas carbonisés dans leurs voitures ; raids de l’aviation et destruction de plusieurs immeubles, y compris une école primaire tenue par le Hamas.
Tandis que l’armée israélienne se déchaînait ainsi, allant jusqu’à menacer de « revenir à Gaza » pour empêcher les tirs de roquettes sur Israël, Ariel Sharon, donnait « carte blanche » à ses généraux pour « d’utiliser tous les moyens » dont ils disposent pour mater les Palestiniens, « et pas seulement dans la bande de Gaza ».
Un langage musclé qui ne surprend pas dans sa bouche, mais qui, cette fois, semble surtout être à usage interne : contesté par son propre parti, Ariel Sharon avait besoin de montrer qu’il reste bien « le chef », l’homme fort, au moment il joue son avenir devant le comité central du Likoud, réuni depuis samedi à Tel-Aviv. On attendait pour lundi soir le résultat du vote des quelque 3 000 membres de cette instance, dont la direction lui est contestée par l’aile droite du parti, menée par l’ancien ministre des Finances, Benjamin Netanyahu. Ce dernier avait quitté le gouvernement en août pour protester contre la mise en oeuvre du plan de désengagement de la bande de Gaza, décidé unilatéralement un an plus tôt par Ariel Sharon. Accusé de « mener la politique de Mitzna » - son concurrent travailliste lors des dernières élections -, Sharon a donc choisi de montrer ses muscles pour prouver qu’il n’est pas aussi « à gauche » que le disent ses adversaires.
« On à l’impression que c’est celui qui tue le plus de Palestiniens qui gagne », déclarait hier, désabusé, le journaliste palestinien Hassan Balawi, qui ajoutait : « Une fois encore, ce sont les civils qui font les frais de la politique israélienne. Les gens se sentent piégés, il y a un vent de panique dans la population. Nul ne sait ce qui va arriver »
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